La coprophagie, ou le fait de manger ses propres excréments ou ceux d’autres animaux, est un comportement qui peut surprendre et inquiéter. S’il est relativement fréquent chez certains animaux, il est beaucoup plus rare chez l’homme. Ce phénomène peut avoir des explications physiologiques, comportementales ou médicales.
Chez certains animaux, la coprophagie joue un rôle biologique et écologique, contribuant à la digestion et à l’absorption des nutriments. Cependant, chez les chiens et les chats domestiques, ainsi que chez les humains dans des cas pathologiques, ce comportement peut être le signe d’un trouble ou d’une carence.
Dans cet article, nous examinerons en détail :
- Les causes de la coprophagie chez les animaux domestiques et sauvages
- Son apparition chez l’homme et ses implications médicales
- Les conséquences sur la santé
- Les solutions et méthodes de prévention.
Résumé des points clés :
✅ Chez les animaux, la coprophagie peut être due à des carences alimentaires, un trouble digestif ou un problème comportemental.
✅ Chez l’homme, elle est souvent liée à des troubles psychiatriques graves ou neurologiques.
✅ Ce comportement peut être corrigé grâce à une alimentation équilibrée, une éducation adaptée et des mesures préventives.
✅ En cas de persistance, il est essentiel de consulter un vétérinaire ou un professionnel de santé.
L’essentiel est de ne pas paniquer face à ce comportement et d’adopter une approche pragmatique et bienveillante. Avec un bon accompagnement et les mesures adaptées, la coprophagie peut être limitée voire complètement supprimée.
Qu’est-ce que la coprophagie ?

La coprophagie désigne l’acte de consommer des excréments. Ce comportement est observé chez divers animaux et, dans de rares cas, chez l’homme. Le mot « coprophagie » vient du grec « kopros » (excrément) et « phagein » (manger).
D’un point de vue biologique, la coprophagie peut être une adaptation permettant d’extraire des nutriments encore présents dans les excréments. Certains animaux possèdent un système digestif qui ne permet pas d’absorber tous les nutriments dès le premier passage, ce qui les pousse à consommer à nouveau leurs selles.
Chez les mammifères comme les rongeurs ou certains primates, la coprophagie est un processus normal et bénéfique, tandis que chez d’autres espèces (dont les chiens et les chats), elle peut être le signe d’un problème de santé ou de comportement.
La coprophagie dans le règne animal
La coprophagie est répandue chez plusieurs espèces animales et peut remplir différentes fonctions :
- Les lapins et cobayes : Ils ingèrent une partie de leurs excréments pour compléter leur absorption de vitamines B et de protéines.
- Les éléphants et hippopotames : Les jeunes mangent les excréments des adultes pour coloniser leur flore intestinale avec des bactéries essentielles.
- Certains insectes (comme les bousiers) : Ils se nourrissent de matières fécales en décomposition pour recycler les nutriments présents.
Chez les chiens et chats domestiques, ce comportement est moins courant, mais peut être appris, lié à une carence alimentaire ou à un trouble du comportement.
Les causes de la coprophagie chez les animaux domestiques
La coprophagie chez les animaux domestiques peut être liée à des facteurs nutritionnels et digestifs. Certaines causes physiologiques incluent :
- Carences alimentaires : Une alimentation pauvre en vitamines (B, K), en protéines ou en enzymes digestives peut pousser un chien ou un chat à rechercher des nutriments dans ses excréments.
- Mauvaise digestion : Un chien souffrant de malabsorption ou d’un déséquilibre de la flore intestinale peut être attiré par ses selles, car elles contiennent encore des nutriments non assimilés.
- Insuffisance pancréatique exocrine : Cette maladie empêche l’absorption des graisses et protéines, rendant les selles appétissantes pour l’animal.
Un chien bien nourri et en bonne santé n’a pas besoin de manger ses excréments pour obtenir des nutriments. Toutefois, si ce comportement apparaît soudainement, un bilan vétérinaire peut être nécessaire.
Causes comportementales
Certains chiens adoptent la coprophagie pour des raisons psychologiques ou sociales. Voici les principales explications comportementales :
- L’ennui et le stress : Un chien laissé seul trop longtemps ou qui manque de stimulation peut développer des comportements compulsifs, dont la coprophagie.
- L’imitation : Un chiot peut copier sa mère, qui mange parfois ses excréments pour garder un environnement propre.
- La peur des punitions : Si un chien a été réprimandé pour avoir fait ses besoins à l’intérieur, il peut manger ses excréments pour faire disparaître les preuves.
- Le renforcement involontaire : Si un maître réagit fortement en voyant son chien manger ses selles, il peut inconsciemment encourager ce comportement en attirant l’attention de l’animal.
Causes médicales
Dans certains cas, la coprophagie peut être un symptôme d’une maladie sous-jacente. Parmi les causes médicales possibles :
- Présence de parasites intestinaux : Ceux-ci absorbent les nutriments avant que l’animal ne puisse en profiter, ce qui peut déclencher une coprophagie pour compenser.
- Troubles hormonaux : Certaines maladies comme l’hyperadrénocorticisme (syndrome de Cushing) peuvent provoquer une faim excessive.
- Maladies neurologiques : Des troubles affectant le cerveau peuvent modifier le comportement alimentaire du chien.
Un examen vétérinaire est recommandé si la coprophagie s’accompagne d’autres symptômes comme une perte de poids, une diarrhée persistante ou un changement d’appétit soudain.
Coprophagie chez l’Homme : un phénomène rare mais existant
Chez l’homme, la coprophagie est très rare et généralement associée à des troubles psychiatriques graves ou à certaines pathologies médicales. Ce comportement peut être lié à :
- Le syndrome de Pica : Ce trouble alimentaire pousse les personnes atteintes à consommer des substances non comestibles, y compris des excréments. Il est souvent observé chez les personnes ayant une déficience intellectuelle ou des troubles du spectre autistique.
- La schizophrénie et les psychoses sévères : Certains patients atteints de troubles psychiatriques graves peuvent présenter des comportements compulsifs, dont la coprophagie, en raison d’une perception altérée de la réalité.
- Les troubles neurodégénératifs : Dans des cas extrêmes, certaines formes avancées de démence ou d’Alzheimer peuvent provoquer des comportements anormaux, dont l’ingestion d’excréments.
Cas historiques et culturels
Bien que la coprophagie soit perçue comme un comportement pathologique dans la plupart des sociétés modernes, elle a été documentée dans certains contextes historiques et culturels :
- Pratiques rituelles anciennes : Dans certaines civilisations antiques, la consommation de matières fécales était associée à des rites religieux ou médicinaux.
- Textes médicaux historiques : Certains écrits du Moyen Âge mentionnent l’usage des excréments dans des préparations médicinales, bien que ces pratiques aient été abandonnées avec l’avancée de la médecine moderne.
- Études de cas médicaux : Plusieurs rapports psychiatriques du XXe siècle ont documenté des patients atteints de troubles compulsifs les amenant à consommer leurs propres excréments, souvent en lien avec une psychopathologie sévère.
Bien que très rare, la coprophagie humaine nécessite une prise en charge médicale urgente, car elle expose la personne à de graves risques sanitaires.
Les conséquences de la coprophagie
Chez les chiens et autres animaux domestiques, la coprophagie peut entraîner des complications médicales, notamment :
- Infections bactériennes et parasitaires : Les excréments contiennent souvent des bactéries nocives comme Escherichia coli ou Salmonella, ainsi que des parasites intestinaux tels que les ascaris ou les ténias.
- Problèmes digestifs : L’ingestion de selles contaminées peut provoquer des vomissements, diarrhées et inflammations intestinales.
- Intoxication : Si un chien mange des excréments d’animaux traités avec des médicaments (antibiotiques, vermifuges, anti-inflammatoires), il risque d’ingérer des substances toxiques.
- Mauvaise haleine et troubles buccaux : La coprophagie peut favoriser la prolifération bactérienne dans la bouche, entraînant une haleine nauséabonde et des infections des gencives.
Bien que ce comportement puisse sembler anodin, il est important de surveiller l’état de santé de l’animal et de consulter un vétérinaire si des symptômes inquiétants apparaissent.
Risques pour la santé humaine
Chez l’homme, la consommation de matières fécales présente de graves dangers sanitaires :
- Contamination bactérienne : Les excréments humains et animaux contiennent des bactéries pathogènes (E. coli, Clostridium, Salmonella) pouvant causer des infections digestives sévères.
- Transmission de virus : Certains agents pathogènes comme le virus de l’hépatite A ou le Norovirus peuvent être présents dans les excréments et provoquer des maladies graves.
- Déséquilibre intestinal : La flore intestinale humaine est fragile, et l’ingestion de selles peut perturber cet équilibre, entraînant des troubles digestifs chroniques.
- Impact psychologique et social : Un individu souffrant de coprophagie peut être victime d’isolement social, de stigmatisation et de détresse psychologique profonde.
Ce comportement, lorsqu’il est observé chez un humain, requiert une intervention médicale immédiate pour éviter des complications graves et proposer une prise en charge adaptée.
Comment empêcher la coprophagie chez les animaux domestiques ?

La coprophagie peut être causée par des carences nutritionnelles ou des troubles digestifs. Il est donc important d’optimiser l’alimentation de l’animal pour prévenir ce comportement. Voici quelques solutions :
- Améliorer la qualité de l’alimentation : Une nourriture équilibrée, riche en protéines de qualité, en vitamines B et en fibres permet de limiter les risques de carences.
- Ajouter des compléments alimentaires : Certains suppléments aident à réguler la digestion et à rendre les excréments moins attractifs, comme l’ananas (dont l’acidité altère le goût des selles) ou les enzymes digestives pour améliorer l’absorption des nutriments.
- Vérifier la présence de parasites : Un vétérinaire peut prescrire un vermifuge régulier pour éviter les infestations qui pourraient pousser l’animal à rechercher des nutriments dans ses excréments.
Solutions comportementales et éducatives
Si la coprophagie a une origine comportementale, il est essentiel d’adopter une approche éducative adaptée. Quelques techniques efficaces :
- Récompenser les bons comportements : Féliciter et récompenser le chien lorsqu’il ignore ses excréments peut l’inciter à abandonner cette habitude.
- Éviter les punitions excessives : Un chien puni pour avoir fait ses besoins à un mauvais endroit peut développer la peur des excréments et essayer de les manger pour masquer sa faute.
- Stimulation mentale et physique : Un chien qui s’ennuie est plus susceptible d’adopter des comportements compulsifs comme la coprophagie. Il est recommandé d’augmenter :
- Les promenades quotidiennes
- Les jeux d’intelligence (puzzles pour chiens, friandises cachées)
- Les exercices d’obéissance pour canaliser son énergie
Mesures préventives et entretien
En plus des ajustements alimentaires et éducatifs, certaines mesures simples peuvent limiter la coprophagie :
- Ramasser immédiatement les excréments après que l’animal a fait ses besoins pour éviter toute tentation.
- Utiliser des produits répulsifs : Il existe des sprays spécialement conçus pour rendre les selles désagréables à l’odeur et au goût.
- Limiter l’accès aux excréments d’autres animaux : Si le chien mange les selles d’autres animaux en promenade, il est conseillé de le surveiller de près et d’utiliser une muselière ajourée si nécessaire.
Que faire en cas de coprophagie chez l’Homme ?
Chez l’homme, la coprophagie est un trouble sérieux qui nécessite une prise en charge rapide. Son apparition est souvent associée à des troubles psychiatriques ou neurologiques. Les solutions passent donc par un diagnostic médical approfondi et un suivi psychologique.
- Évaluation psychiatrique : Un psychiatre peut diagnostiquer un trouble sous-jacent comme la schizophrénie, le syndrome de Pica ou des troubles obsessionnels-compulsifs (TOC).
- Traitements médicamenteux : Selon la cause, des antipsychotiques, antidépresseurs ou anxiolytiques peuvent être prescrits pour réduire les comportements compulsifs.
- Thérapie comportementale et cognitive (TCC) : Cette approche aide les patients à identifier les déclencheurs de leur comportement et à modifier leurs réponses comportementales.
Accompagnement et prévention
Les personnes atteintes de coprophagie nécessitent un accompagnement spécifique et un soutien social pour prévenir les rechutes. Voici quelques recommandations :
- Surveillance et encadrement : En cas de troubles cognitifs (Alzheimer, démence), une surveillance par des proches ou des soignants est essentielle pour éviter l’accès aux excréments.
- Éducation et sensibilisation : Expliquer les risques sanitaires et aider la personne à comprendre son comportement peut faciliter l’adhésion aux traitements.
- Soutien familial et psychologique : La coprophagie étant un tabou social, les patients peuvent ressentir de la honte. Un soutien bienveillant et des groupes de parole peuvent aider à mieux gérer la situation.
Dans les cas extrêmes où la coprophagie est dangereuse pour la santé de la personne, une hospitalisation temporaire peut être envisagée pour assurer un suivi médical plus strict.
Mythes et croyances autour de la coprophagie
La coprophagie est souvent mal comprise, ce qui entraîne de nombreuses idées reçues sur les chiens et autres animaux domestiques. Voici quelques croyances erronées :
- « Un chien qui mange ses excréments est malade » → Faux. Tous les chiens coprophages ne souffrent pas forcément d’un problème médical. Parfois, il s’agit d’un simple comportement appris ou d’un trouble comportemental lié à l’ennui.
- « Un chien qui mange ses excréments est mal nourri » → Pas forcément. Bien qu’une alimentation déséquilibrée puisse être une cause, de nombreux chiens bien nourris pratiquent aussi la coprophagie pour d’autres raisons.
- « Il suffit de punir un chien pour qu’il arrête » → Faux. La punition peut aggraver le problème, en rendant l’animal anxieux et en l’incitant à cacher son comportement.
Croyances populaires et idées reçues sur la coprophagie humaine
Chez l’homme, la coprophagie est un sujet tabou, ce qui alimente de nombreuses superstitions :
- « Manger ses excréments purifie le corps » → Faux. Cette croyance existe dans certaines pratiques ésotériques, mais scientifiquement, la coprophagie expose à de graves risques d’infection.
- « Certaines cultures ont pratiqué la coprophagie comme rituel » → Vrai, mais ces pratiques étaient marginales et souvent liées à des croyances médicinales ou magiques. Aujourd’hui, la science a prouvé que ce comportement est nuisible à la santé.
- « Se forcer à manger ses excréments renforce le système immunitaire » → Faux. Au contraire, cela augmente le risque de contracter des infections graves.
Conclusion
La coprophagie est un comportement qui, selon le contexte, peut être normal, pathologique ou inquiétant. Chez les animaux, elle peut être un mécanisme naturel lié à l’alimentation ou à la digestion, mais aussi un signe de stress, d’ennui ou de problèmes médicaux. Chez l’homme, ce comportement est extrêmement rare et généralement associé à des troubles psychiatriques graves.
Les risques sanitaires liés à la coprophagie ne doivent pas être sous-estimés, tant pour les animaux que pour les humains. L’ingestion d’excréments peut provoquer des infections bactériennes, parasitaires ou virales, ainsi que des troubles digestifs.