Oui, il est tout à fait possible, et même fréquent, de vivre longtemps et bien après la pose de stents. Ces petits dispositifs médicaux ont révolutionné le traitement de certaines maladies cardiovasculaires, notamment la maladie coronarienne. En rétablissant un flux sanguin normal dans une artère rétrécie ou bloquée, les stents améliorent considérablement la qualité de vie, réduisent les symptômes comme l’angine de poitrine (douleur thoracique) et diminuent le risque d’événements graves tels que l’infarctus du myocarde (crise cardiaque). L’espérance de vie après la pose d’un stent dépend beaucoup moins du stent lui-même que de la gestion de la maladie sous-jacente (l’athérosclérose), de l’état de santé général du patient et, de manière cruciale, de l’adoption d’un mode de vie sain et de la prise rigoureuse du traitement médical prescrit.
La pose d’un stent est souvent perçue comme une intervention majeure, suscitant naturellement des interrogations sur l’avenir et la longévité. Il est important de comprendre qu’un stent n’est pas une « guérison » de la maladie artérielle, mais plutôt une solution mécanique efficace pour traiter un point de blocage spécifique. La véritable clé pour vivre longtemps après cette procédure réside dans une approche globale : un suivi médical attentif, une adhésion stricte aux médicaments (notamment les antiplaquettaires et les statines) et un engagement personnel fort envers des habitudes de vie saines pour ralentir la progression de l’athérosclérose. Ce guide explore en détail ces différents aspects pour vous éclairer sur les perspectives de vie avec des stents.
Qu’est-ce qu’un stent et pourquoi est-il posé ?
Pour bien appréhender l’impact des stents sur l’espérance de vie, il est fondamental de comprendre ce qu’est exactement ce dispositif et dans quelles circonstances il est utilisé. Un stent n’est pas un médicament, mais un implant médical conçu pour maintenir une artère ouverte. Son utilisation s’inscrit le plus souvent dans le cadre d’une procédure appelée angioplastie, visant à traiter le rétrécissement (sténose) ou l’obstruction d’une artère causée par l’accumulation de plaques d’athérome (un mélange de cholestérol, de cellules inflammatoires et de tissu fibreux). Cette maladie, l’athérosclérose, peut toucher différentes artères du corps, mais elle est particulièrement fréquente et dangereuse au niveau des artères coronaires qui irriguent le cœur.
La pose d’un stent est donc une intervention visant à rétablir une circulation sanguine satisfaisante dans une zone où elle était compromise, prévenant ainsi les complications potentiellement graves liées à ce manque d’irrigation. Il existe différents types de stents, et leur choix dépend de la situation clinique spécifique du patient. Comprendre le rôle mécanique du stent et la procédure associée permet de mieux saisir à la fois ses bénéfices et ses limites.
Il convient de détailler ces aspects pour une meilleure compréhension.
Définition et types de stents (conventionnels, actifs)
Un stent est un petit tube métallique expansible, le plus souvent fabriqué en acier inoxydable, en alliage de cobalt-chrome ou de platine-chrome. Sa structure est généralement celle d’un treillis ou d’un grillage très fin. Il est conçu pour être introduit dans une artère rétrécie à l’aide d’un cathéter muni d’un ballonnet. Une fois positionné au niveau du rétrécissement, le ballonnet est gonflé, ce qui déploie le stent et l’appuie contre la paroi interne de l’artère, écrasant la plaque d’athérome. Le ballonnet est ensuite dégonflé et retiré, laissant le stent en place comme une sorte d’échafaudage permanent qui maintient l’artère ouverte (on parle de « tuteur vasculaire »).
Il existe principalement deux grandes catégories de stents coronaires :
- Les stents nus (BMS – Bare Metal Stents) : Ce sont les stents de première génération, simplement constitués de la structure métallique.
- Les stents actifs ou pharmaco-actifs (DES – Drug-Eluting Stents) : Plus récents et aujourd’hui les plus utilisés, ces stents sont recouverts d’un polymère qui libère progressivement un médicament spécifique (comme le sirolimus ou le paclitaxel). Ce médicament a pour but d’inhiber la prolifération cellulaire locale et de réduire ainsi le risque de resténose (nouveau rétrécissement à l’intérieur du stent).
Le choix entre BMS et DES dépend de divers facteurs, notamment la localisation et la complexité de la lésion, le risque de saignement du patient et sa capacité à suivre un traitement antiplaquettaire prolongé. Les DES sont généralement préférés pour leur efficacité supérieure à long terme sur la prévention de la resténose.
Indications principales : maladie coronarienne et autres pathologies
L’indication la plus fréquente pour la pose de stents concerne la maladie coronarienne, c’est-à-dire l’athérosclérose touchant les artères qui irriguent le muscle cardiaque. Lorsque ces artères se rétrécissent, le cœur peut manquer d’oxygène, surtout à l’effort, provoquant une douleur thoracique appelée angine de poitrine (angor). Si une plaque d’athérome se rompt et forme un caillot qui bloque complètement l’artère, cela provoque un infarctus du myocarde (crise cardiaque), une urgence vitale. L’angioplastie avec pose de stent est alors un traitement de choix, réalisé en urgence pour débloquer l’artère et sauver le muscle cardiaque (angioplastie primaire), ou de manière programmée pour soulager l’angor et prévenir l’infarctus.
Au-delà des artères coronaires, les stents peuvent également être utilisés pour traiter des rétrécissements dans d’autres artères du corps. On peut ainsi poser des stents dans les artères carotides (au niveau du cou, pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux), dans les artères rénales, dans les artères des membres inférieurs (artériopathie oblitérante des membres inférieurs – AOMI, pour soulager les douleurs à la marche), ou même dans l’aorte. Des stents spécifiques sont aussi utilisés dans des contextes non artériels, par exemple pour maintenir ouverts les canaux biliaires, l’œsophage ou la trachée lorsqu’ils sont comprimés par une tumeur. Le principe reste le même : maintenir la perméabilité d’un conduit biologique.
La procédure de pose : l’angioplastie coronaire
La mise en place d’un stent coronaire se fait lors d’une procédure appelée angioplastie coronaire transluminale percutanée (ACTP), réalisée par un cardiologue interventionnel dans une salle de cathétérisme cardiaque. Cette intervention est considérée comme moins invasive qu’un pontage coronarien (chirurgie à cœur ouvert). Le médecin introduit un fin tube flexible (cathéter) dans une artère, généralement l’artère radiale (au poignet) ou l’artère fémorale (à l’aine). Guidé par imagerie radioscopique, il remonte le cathéter jusqu’aux artères coronaires.
Un fil guide très fin est ensuite avancé à travers le rétrécissement. Sur ce fil, on fait glisser un cathéter porteur d’un ballonnet dégonflé, sur lequel est monté le stent replié. Une fois le ballonnet positionné précisément au niveau de la sténose, il est gonflé pendant quelques secondes. Le gonflement du ballonnet écrase la plaque d’athérome et déploie simultanément le stent, qui s’incruste dans la paroi artérielle. Le ballonnet est ensuite dégonflé et retiré avec le cathéter, laissant le stent en place pour maintenir l’artère ouverte. La procédure dure généralement entre 30 minutes et 2 heures, souvent sous anesthésie locale. Le patient reste habituellement hospitalisé 24 à 48 heures pour surveillance.
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L’impact des stents sur l’espérance de vie

La question centrale est de savoir si la présence de ces stents influence la durée de vie. La réponse est globalement positive, mais nuancée. Les stents, en traitant efficacement les rétrécissements artériels, contribuent significativement à améliorer le pronostic des patients atteints de maladie coronarienne, en particulier en situation d’urgence (infarctus) et pour soulager les symptômes invalidants (angor). Ils permettent souvent d’éviter ou de retarder des événements cardiaques plus graves qui pourraient réduire l’espérance de vie. Toutefois, il est crucial de comprendre que le stent ne fait que « réparer » une zone endommagée ; il ne guérit pas la maladie athéromateuse sous-jacente qui, elle, continue d’évoluer si elle n’est pas prise en charge globalement.
L’impact réel sur la longévité dépend donc de nombreux facteurs interconnectés. Les bénéfices sont particulièrement nets en termes de qualité de vie et de réduction du risque d’événements aigus. Les études montrent que les patients traités par angioplastie avec stent pour un infarctus du myocarde ont une meilleure survie que ceux traités par des méthodes plus anciennes. Cependant, la longévité à très long terme (10, 20 ans ou plus) sera surtout conditionnée par la gestion des facteurs de risque cardiovasculaire et la progression de l’athérosclérose dans l’ensemble du système artériel.
Approfondissons les bénéfices et les limites des stents sur la durée de vie.
Amélioration de la qualité de vie et réduction des symptômes
L’un des bénéfices les plus immédiats et les plus tangibles de la pose de stents est l’amélioration spectaculaire de la qualité de vie pour les patients souffrant d’angine de poitrine. En rétablissant un flux sanguin adéquat vers le muscle cardiaque, le stent élimine ou réduit considérablement les douleurs thoraciques à l’effort, l’essoufflement et la fatigue. Les patients peuvent ainsi reprendre des activités physiques et sociales qu’ils avaient dû abandonner, retrouver une autonomie et un bien-être psychologique.
Cette amélioration de la qualité de vie, bien que n’étant pas un indicateur direct de longévité, y contribue indirectement. Un patient qui se sent mieux est plus enclin à être actif, à suivre son traitement et à adopter des habitudes saines. De plus, la disparition de symptômes invalidants comme l’angor réduit le stress et l’anxiété liés à la maladie cardiaque, facteurs qui peuvent aussi influencer la santé cardiovasculaire à long terme. Il faut savoir que retrouver une vie active et sereine est un élément important pour envisager l’avenir positivement.
Réduction du risque d’événements cardiaques majeurs (infarctus)
Le bénéfice majeur des stents en termes de survie est leur capacité à prévenir ou traiter efficacement l’infarctus du myocarde. En cas de syndrome coronarien aigu (infarctus ou angor instable), l’angioplastie primaire avec pose de stent réalisée en urgence permet de rouvrir l’artère bloquée, de limiter la taille de la nécrose du muscle cardiaque et de réduire significativement la mortalité immédiate et à court terme. C’est devenu le traitement de référence dans cette situation.
Chez les patients souffrant d’angor stable, la pose d’un stent sur une lésion significative permet de réduire le risque de futurs événements cardiaques, bien que le bénéfice sur la mortalité à long terme par rapport à un traitement médical optimal seul soit parfois débattu pour certaines indications. Néanmoins, en prévenant la progression d’un rétrécissement critique vers une occlusion complète, le stent joue un rôle protecteur indéniable contre les accidents cardiaques aigus, qui sont une cause majeure de décès prématuré chez les patients coronariens.
Les stents « actifs » (pharmaco-actifs) et leurs bénéfices
L’introduction des stents actifs (DES) a marqué une avancée significative par rapport aux stents nus (BMS). En libérant localement un médicament qui inhibe la cicatrisation excessive, les DES réduisent considérablement le risque de resténose intra-stent (le nouveau rétrécissement à l’intérieur du stent par prolifération tissulaire), qui était le principal talon d’Achille des BMS. Ce taux de resténose est passé d’environ 20-30% avec les BMS à moins de 5-10% avec les générations actuelles de DES.
Cette réduction du risque de resténose se traduit par une diminution du besoin de nouvelles interventions (nouvelle angioplastie ou pontage) sur le vaisseau traité, améliorant ainsi la qualité de vie à long terme et réduisant les coûts et les risques liés à ces procédures répétées. Bien que l’impact direct des DES sur la mortalité globale par rapport aux BMS reste débattu dans certaines études, leur capacité à maintenir la perméabilité de l’artère plus durablement constitue un avantage majeur pour le pronostic à long terme des patients, en évitant la réapparition des symptômes et les complications liées à la resténose.
Limites : le stent ne guérit pas la maladie sous-jacente
C’est le point crucial à comprendre : la pose d’un stent ne guérit pas l’athérosclérose, la maladie qui est à l’origine du rétrécissement artériel. Le stent agit comme un « plombier », réparant une section endommagée du « tuyau », mais il n’empêche pas la maladie de progresser ailleurs dans les artères coronaires ou dans d’autres territoires vasculaires (cerveau, jambes, reins…). L’athérosclérose est une maladie chronique, diffuse et évolutive, influencée par des facteurs de risque comme le tabagisme, l’hypertension, le diabète, l’excès de cholestérol, la sédentarité et l’alimentation déséquilibrée.
Par conséquent, la longévité après la pose d’un stent dépend fondamentalement de la capacité à contrôler ces facteurs de risque et à ralentir la progression globale de l’athérosclérose. Un patient qui reçoit un stent mais continue de fumer ou ne contrôle pas son cholestérol risque de développer de nouvelles lésions sur d’autres artères, limitant ainsi les bénéfices à long terme de l’intervention. Le stent est une partie importante du traitement, mais il doit impérativement s’intégrer dans une prise en charge globale et continue de la maladie cardiovasculaire.
Facteurs influençant la longévité après la pose de stents
La durée de vie après la pose d’un stent est donc le résultat d’une interaction complexe entre plusieurs facteurs. Le stent lui-même joue un rôle en maintenant l’artère ouverte, mais son impact s’inscrit dans un contexte plus large lié à la sévérité de la maladie initiale, à l’état de santé global du patient et, surtout, à la qualité de la prise en charge médicale et comportementale après l’intervention. Ce sont ces éléments qui détermineront si le bénéfice initial de l’angioplastie se maintiendra sur le long terme.
Il est essentiel pour les patients et leur entourage de comprendre que la pose du stent n’est que le début d’un parcours. L’engagement actif du patient dans son suivi médical et dans l’adoption d’un mode de vie sain est absolument déterminant pour maximiser les chances de vivre longtemps et en bonne santé. Négliger ces aspects reviendrait à compromettre l’efficacité de l’intervention et à laisser la maladie sous-jacente reprendre le dessus.
Analysons les facteurs les plus influents.
La maladie initiale et son étendue
La gravité et l’étendue de la maladie coronarienne au moment de la pose du stent sont des facteurs pronostiques majeurs. Un patient avec une atteinte limitée à une seule artère coronaire aura généralement un meilleur pronostic à long terme qu’un patient avec une maladie diffuse touchant les trois artères coronaires principales et/ou le tronc commun (l’artère coronaire gauche principale). De même, la présence d’une altération de la fonction cardiaque (insuffisance cardiaque) due à un infarctus antérieur ou à une maladie étendue influence négativement l’espérance de vie, même après une revascularisation par stents.
L’indication de la pose du stent joue aussi un rôle : le pronostic après un stent posé en urgence pour un infarctus étendu peut être différent de celui d’un stent posé de manière programmée pour un angor stable avec une fonction cardiaque préservée. En somme, le stent améliore la situation locale, mais le pronostic global reste fortement lié à l’état cardiovasculaire initial du patient.
L’âge et l’état de santé général du patient (comorbidités)
L’âge au moment de la pose du stent est un facteur pronostique indépendant. Naturellement, une personne plus jeune a une espérance de vie potentielle plus longue qu’une personne plus âgée. Cependant, les stents bénéficient aux patients de tous âges, y compris les plus âgés, en améliorant leur qualité de vie et en réduisant les risques d’événements aigus. L’espérance de vie sera néanmoins influencée par le vieillissement naturel et les autres problèmes de santé liés à l’âge.
La présence d’autres maladies chroniques, appelées comorbidités, a un impact majeur sur la longévité après la pose d’un stent. Le diabète, l’insuffisance rénale chronique, les maladies pulmonaires chroniques (BPCO), l’artériopathie périphérique, les antécédents d’accident vasculaire cérébral ou la présence d’un cancer sont autant de facteurs qui peuvent réduire l’espérance de vie, indépendamment de l’efficacité du stent. La prise en charge optimale de ces comorbidités est donc essentielle pour améliorer le pronostic global.
L’observance du traitement médical post-stent
C’est un point absolument crucial et non négociable. Après la pose d’un stent, en particulier d’un stent actif (DES), un traitement antiplaquettaire est prescrit pour prévenir la formation d’un caillot de sang à l’intérieur du stent (thrombose de stent), une complication rare mais potentiellement mortelle. Ce traitement associe généralement de l’aspirine (à vie) et un deuxième antiplaquettaire (comme le clopidogrel, le prasugrel ou le ticagrelor) pendant une durée déterminée (souvent 6 à 12 mois, parfois plus, selon le type de stent et la situation clinique). L’arrêt prématuré ou l’oubli de ces médicaments expose à un risque très élevé de thrombose de stent.
Au-delà des antiplaquettaires, d’autres médicaments sont essentiels pour contrôler la maladie athéromateuse et les facteurs de risque : les statines (pour abaisser le cholestérol LDL), les médicaments pour contrôler la tension artérielle (inhibiteurs de l’enzyme de conversion, bêtabloquants…), et les traitements pour le diabète si nécessaire. L’observance rigoureuse et continue de l’ensemble de ces traitements, telle que prescrite par le cardiologue, est une condition sine qua non pour maximiser la longévité après la pose d’un stent.
L’adoption d’un mode de vie sain
C’est sans doute le facteur sur lequel le patient a le plus de contrôle et qui a l’impact le plus profond sur la longévité et la prévention de nouveaux événements cardiovasculaires. Comme le stent ne guérit pas l’athérosclérose, il est impératif de modifier les habitudes de vie qui ont contribué à son apparition. Cela inclut plusieurs aspects fondamentaux :
- Arrêt total et définitif du tabac : C’est la mesure la plus importante. Fumer endommage les artères et favorise la formation de caillots.
- Alimentation équilibrée : Adopter un régime de type méditerranéen, riche en fruits, légumes, céréales complètes, poissons gras (riches en oméga-3), et pauvre en graisses saturées et trans, en sucres ajoutés et en sel.
- Activité physique régulière : Pratiquer une activité d’endurance modérée (marche rapide, vélo, natation…) au moins 150 minutes par semaine, après avis médical.
- Gestion du poids : Maintenir un poids santé (IMC entre 18,5 et 25) ou perdre du poids en cas de surcharge pondérale ou d’obésité.
- Gestion du stress : Apprendre des techniques de relaxation ou de gestion du stress.
Ces changements de mode de vie sont aussi importants, voire plus, que les médicaments pour contrôler l’évolution de la maladie athéromateuse à long terme.
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Risques potentiels et complications à long terme
Si les stents sont globalement sûrs et efficaces, leur implantation n’est pas dénuée de risques, à court et à long terme. Il est important de connaître ces complications potentielles, non pas pour s’alarmer inutilement, mais pour comprendre l’importance du suivi médical et de l’observance thérapeutique. La survenue de ces complications peut en effet affecter le pronostic et nécessiter des interventions supplémentaires. Heureusement, avec les techniques modernes et les traitements actuels, ces risques sont relativement faibles, mais ils existent.
Les principales complications spécifiques liées au stent lui-même sont la resténose (le nouveau rétrécissement) et la thrombose (la formation d’un caillot). D’autres risques sont liés au traitement antiplaquettaire nécessaire ou à la progression naturelle de la maladie athéromateuse. Une bonne information du patient sur ces risques potentiels fait partie intégrante de la prise en charge.
Examinons ces risques plus en détail.
La resténose : le rétrécissement à l’intérieur du stent
La resténose intra-stent est le développement progressif d’un tissu cicatriciel excessif à l’intérieur du stent, qui finit par réduire à nouveau le calibre de l’artère. C’était la principale limitation des stents nus (BMS), survenant chez 20 à 30% des patients dans les 6 à 12 mois suivant la pose. Les stents actifs (DES) ont considérablement réduit ce risque (moins de 5-10%) grâce au médicament qu’ils libèrent localement pour freiner cette prolifération cellulaire.
Cependant, la resténose reste possible, même avec les DES, en particulier dans certaines situations (petites artères, lésions longues, diabète…). Elle se manifeste généralement par la réapparition progressive des symptômes (angor à l’effort). Le diagnostic se fait par des tests d’ischémie (test d’effort, scintigraphie…) ou une nouvelle coronarographie. Le traitement consiste souvent en une nouvelle angioplastie, parfois avec la pose d’un autre stent (souvent un DES) à l’intérieur du premier, ou l’utilisation de ballonnets actifs (recouverts du même type de médicament). La resténose affecte surtout la qualité de vie mais n’est généralement pas une menace vitale immédiate.
La thrombose de stent : un événement rare mais grave
La thrombose de stent est la formation d’un caillot de sang (thrombus) à l’intérieur du stent, qui bloque brutalement le flux sanguin dans l’artère coronaire. C’est une complication rare (environ 0,5 à 1,5% des patients dans l’année suivant la pose, moins ensuite), mais très grave, car elle provoque le plus souvent un infarctus du myocarde aigu, parfois massif, et est associée à une mortalité élevée (jusqu’à 20-40% selon les études).
Le risque de thrombose est maximal dans les premiers jours et semaines après la pose (thrombose précoce ou subaiguë), mais il peut aussi survenir plus tardivement (thrombose tardive, après 1 mois, ou très tardive, après 1 an), notamment avec les DES de première génération. Le facteur de risque principal de thrombose est l’arrêt prématuré du traitement antiplaquettaire (aspirine + clopidogrel/prasugrel/ticagrelor). C’est pourquoi l’observance stricte de ce traitement est absolument vitale pendant toute la durée prescrite. D’autres facteurs peuvent jouer (procédure complexe, sous-déploiement du stent…). La prévention et la reconnaissance rapide des symptômes d’infarctus sont cruciales.
La nécessité de traitements antiplaquettaires prolongés et leurs risques
Pour prévenir la thrombose de stent, un traitement par double antiagrégation plaquettaire (DAPT) est indispensable après la pose, surtout pour les DES. La durée de ce DAPT est généralement de 6 à 12 mois minimum, parfois prolongée en fonction du risque ischémique et hémorragique du patient. L’aspirine est ensuite maintenue à vie. Si ces médicaments sont essentiels pour protéger le stent, ils ne sont pas sans inconvénients : ils augmentent le risque de saignement.
Ce risque hémorragique peut aller de saignements mineurs (ecchymoses faciles, saignements de nez) à des hémorragies plus graves (digestives, cérébrales), bien que ces dernières soient rares. Le médecin évalue toujours le rapport bénéfice/risque avant de prescrire un DAPT prolongé. Il est important que le patient signale tout signe de saignement inhabituel à son médecin. De plus, avant toute intervention chirurgicale ou procédure invasive (même dentaire), il est crucial d’informer le chirurgien ou le dentiste de la prise de ces médicaments et de discuter avec le cardiologue de l’attitude à adopter (poursuite, arrêt temporaire…).
Progression de l’athérosclérose dans d’autres artères
Enfin, il faut rappeler que le risque principal à long terme pour un patient porteur de stent n’est pas forcément lié au stent lui-même, mais à la progression naturelle de la maladie athéromateuse dans d’autres segments des artères coronaires ou dans d’autres territoires vasculaires. De nouvelles plaques peuvent se former, se développer et potentiellement se rompre, provoquant de nouveaux événements cardiovasculaires (nouvel infarctus, AVC, artériopathie des jambes…).
C’est pourquoi la prévention secondaire par le contrôle strict des facteurs de risque (tabac, cholestérol, tension, diabète, poids, sédentarité) et la prise des médicaments de fond (statines, etc.) est absolument fondamentale pour améliorer la longévité. Le stent a traité une conséquence de la maladie, mais c’est la lutte contre la maladie elle-même qui déterminera le pronostic à très long terme. Vivre longtemps avec un stent implique donc de vivre longtemps en gérant activement son athérosclérose.
Vivre au quotidien avec des stents : suivi médical et hygiène de vie

Recevoir un stent marque souvent un tournant dans la vie d’un patient. C’est à la fois un soulagement (fin des symptômes, prévention d’un accident grave) et le début d’un engagement à long terme pour sa santé cardiovasculaire. Vivre au quotidien avec des stents implique d’intégrer de nouvelles habitudes et une surveillance médicale régulière. Il ne s’agit pas de vivre dans la peur, mais plutôt d’adopter une approche proactive et responsable pour optimiser les bénéfices de l’intervention et prévenir de futurs problèmes.
Cet engagement repose sur deux piliers indissociables : un suivi cardiologique attentif et régulier, et l’adoption durable d’un mode de vie sain. Le patient n’est pas passif dans ce processus ; il est l’acteur principal de sa santé à long terme, en partenariat avec son équipe médicale. Une bonne compréhension de sa maladie, de ses traitements et des mesures préventives est essentielle pour rester motivé et observant sur la durée.
Voyons concrètement comment s’articule cette vie post-stent.
L’importance capitale du suivi cardiologique régulier
Après la pose d’un stent, un suivi régulier par un cardiologue est indispensable, à vie. La fréquence des consultations dépendra de la situation initiale et de l’évolution, mais elle est généralement plus rapprochée dans les premiers mois (par exemple, à 1 mois, 6 mois, 1 an) puis s’espace (une fois par an ou tous les deux ans si tout va bien). Ces consultations permettent de :
- Surveiller l’apparition éventuelle de symptômes (récidive d’angor, essoufflement…) qui pourraient signer une resténose ou une nouvelle lésion.
- Vérifier l’observance et la tolérance des traitements médicamenteux, et ajuster les posologies si nécessaire.
- Contrôler l’équilibre des facteurs de risque (tension artérielle, cholestérol LDL, glycémie chez les diabétiques) via des examens cliniques et des bilans sanguins réguliers.
- Réaliser périodiquement des examens complémentaires pour évaluer la fonction cardiaque et rechercher une éventuelle ischémie silencieuse (électrocardiogramme, échocardiographie, test d’effort, scintigraphie…).
Ce suivi permet de détecter précocement toute anomalie et d’adapter la stratégie thérapeutique pour maintenir les bénéfices du stent et prévenir de nouveaux événements.
Adopter une alimentation saine pour le cœur
L’alimentation joue un rôle majeur dans la prévention et le contrôle de l’athérosclérose. Adopter une alimentation « saine pour le cœur » est un engagement essentiel après la pose d’un stent. Les grands principes sont bien établis et s’inspirent souvent du régime méditerranéen :
- Privilégier les fruits et légumes frais, riches en fibres, vitamines et antioxydants (au moins 5 portions par jour).
- Consommer des céréales complètes (pain complet, riz brun, pâtes complètes, quinoa, avoine…) plutôt que raffinées.
- Inclure des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs…) régulièrement.
- Choisir de bonnes sources de graisses insaturées : huile d’olive vierge extra, huile de colza, avocats, noix, amandes, graines.
- Manger du poisson, notamment des poissons gras riches en oméga-3 (sardines, maquereaux, saumon…), au moins deux fois par semaine.
- Limiter la consommation de viandes rouges et privilégier les viandes blanches (volaille) sans la peau.
- Réduire drastiquement les graisses saturées (beurre, crème, fromages gras, charcuteries, viandes grasses) et les graisses trans (présentes dans de nombreux produits industriels : viennoiseries, biscuits, plats préparés…).
- Limiter fortement les sucres ajoutés (sodas, jus de fruits industriels, confiseries, pâtisseries…) et le sel.
Ces changements alimentaires, idéalement accompagnés par les conseils d’un diététicien-nutritionniste, sont bénéfiques pour le poids, la tension artérielle, le cholestérol, la glycémie et l’inflammation.
Pratiquer une activité physique adaptée et régulière
L’activité physique est un autre pilier fondamental de la prévention cardiovasculaire après un stent. Elle aide à contrôler le poids, la tension artérielle, le cholestérol et la glycémie, renforce le muscle cardiaque, améliore la circulation sanguine et réduit le stress. Il est essentiel de reprendre une activité physique progressivement et après avis médical. Souvent, un programme de réadaptation cardiaque supervisé est proposé après l’intervention pour guider cette reprise en toute sécurité.
L’objectif est d’atteindre et de maintenir une activité d’endurance d’intensité modérée (marche rapide, vélo, natation, jogging léger…) d’au moins 30 minutes par jour, 5 jours par semaine (soit 150 minutes par semaine), ou une activité d’intensité plus élevée (75 minutes par semaine). Des exercices de renforcement musculaire doux (2 fois par semaine) sont également recommandés. Il est important de choisir une activité que l’on apprécie pour maintenir la motivation sur le long terme. Écouter son corps, respecter ses limites et éviter les efforts intenses inhabituels ou par temps extrême est primordial.
Arrêt impératif et définitif du tabac
Il ne peut y avoir de compromis sur ce point : l’arrêt complet et définitif du tabac est la mesure la plus bénéfique qu’un patient fumeur puisse prendre pour sa santé cardiovasculaire après la pose d’un stent. Le tabagisme est l’un des principaux facteurs de risque modifiables de l’athérosclérose et de ses complications. Il endommage la paroi des artères, favorise l’inflammation, augmente la formation de caillots, réduit l’oxygénation du sang et fait travailler le cœur plus fort.
Continuer à fumer après un stent annule une grande partie des bénéfices de l’intervention et augmente considérablement le risque de resténose, de thrombose de stent, de nouvel infarctus et de décès prématuré. L’arrêt du tabac est difficile, mais il existe de nombreuses aides efficaces : substituts nicotiniques (patchs, gommes…), médicaments spécifiques (bupropion, varénicline), accompagnement psychologique, groupes de soutien, applications mobiles… Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à son médecin ou à un tabacologue. Chaque cigarette évitée est une victoire pour la longévité.
Gestion du stress et qualité du sommeil
Le stress chronique et un sommeil de mauvaise qualité peuvent également avoir un impact négatif sur la santé cardiovasculaire. Le stress peut augmenter la tension artérielle, favoriser l’inflammation et inciter à adopter des comportements moins sains (mauvaise alimentation, tabagisme, sédentarité). Le manque de sommeil ou un sommeil fragmenté est aussi associé à un risque accru d’hypertension, d’obésité, de diabète et d’événements cardiovasculaires.
Apprendre à mieux gérer son stress au quotidien peut donc faire partie intégrante de la prise en charge post-stent. Des techniques comme la relaxation, la méditation de pleine conscience, le yoga, la sophrologie ou simplement la pratique régulière d’activités plaisantes peuvent aider. Concernant le sommeil, il est important d’adopter une bonne hygiène de sommeil : horaires réguliers, environnement calme et sombre, éviter les écrans avant de dormir, limiter la caféine et l’alcool en soirée. Si des troubles du sommeil persistent (insomnie, apnée du sommeil), il faut en parler à son médecin.
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En résumé : Vivre longtemps et bien avec des stents, c’est possible

En définitive, la réponse à la question « peut-on vivre longtemps avec des stents ? » est un oui retentissant, mais un oui conditionnel. Les stents sont des outils remarquables qui sauvent des vies en cas d’infarctus et améliorent considérablement la qualité de vie des patients souffrant d’angine de poitrine. Ils permettent de traiter efficacement les blocages artériels, mais ils ne constituent pas une fin en soi. La véritable clé de la longévité après la pose d’un stent réside dans une prise en charge globale et continue de la maladie athéromateuse sous-jacente.
Cela implique une collaboration étroite et confiante avec l’équipe médicale pour un suivi régulier et une adhésion sans faille aux traitements prescrits, notamment les antiplaquettaires et les médicaments visant à contrôler les facteurs de risque. Mais cela exige surtout un engagement personnel fort et durable du patient envers un mode de vie sain : arrêt du tabac, alimentation équilibrée, activité physique régulière, gestion du poids et du stress. C’est cette combinaison d’une intervention technique réussie, d’un traitement médical optimisé et d’une hygiène de vie adaptée qui permet aujourd’hui à de très nombreux patients porteurs de stents de vivre non seulement longtemps, mais aussi avec une excellente qualité de vie, repoussant significativement le spectre des complications cardiovasculaires. Le stent ouvre une porte vers un avenir plus serein, mais c’est au patient d’emprunter activement le chemin de la prévention pour en franchir le seuil durablement.


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